10/04/2007

Notes de lecture : les métiers en 2015

"Les métiers en 2015, l'impact du départ des générations du baby-boom"


DARES
& Commissariat Général du Plan, Premières Synthèses, décembre 2005, n°50.1


(Le rapport entier de janvier 2007 est disponible ici )





Les baby-boomers sont le produit d'une histoire qu'ils ont en retour contribué à forger. Tout au long de leur existence et de leurs différents cycles de vie, ils ont participé à la transformation du paysage français hérité de l'avant guerre. On citera en vrac l'émergence de la "jeunesse" comme nouvel âge de la vie, l'essor de la société de consommation, l'accès massif aux formations supérieures, le développement des emplois dans le tertiaire (et particulièrement dans la fonction publique), la naissance des classes moyennes comme groupe sociale socialement, économiquement et politiquement significatif, le déploiement des villes nouvelles, etc. C'est donc très logiquement, mais avec une attention pour l'avenir qui m'étonne encore, que la DARES et le Centre d'Analyse Stratégique se sont interrogés sur "l'impact du départ en retraite" des baby-boomers sur les métiers pour 2015.








Le Contenu du Rapport :


Le coeur de leurs travaux réside dans une projection bâtie sur un modèle de prévision macro-économétrique de l'OFCE nommé e-mod. Un modèle prenant principalement en compte quatre grands indices économiques : les niveaux de taux de chômage, les évolutions démographiques de la population active, l'évolution de la productivité du travail et le niveau de la dette publique.
En résumé, le départ massif des baby-boomers(1), devenus entre temps papy-boomers, jouera comme un adjuvant des tendances lourdes structurant déjà le marché du travail.
Ces tendances sont ainsi majoritairement les conséquences de l'articulation entre les tendances de fond du marché du travail et cette sorties massives des papy-boomers :
  • Ces départs en retraite feront mécaniquement baisser le taux moyen de chômage mais les situations par secteurs seront très différentes entre elles : les services à la clientèle et aux personnes seront très demandeurs ; on recherchera d'avantage de cadres commerciaux et d'experts en études de marché ; l'industrie continuera sa diminution au rythme du départ de ses ouvriers les plus âgés ; la fonction publique ne verra quant à elle qu'un renouvellement partiel de son corps.
  • Il est envisagé une accentuation du décalage entre les formations initiales et les emplois trouvés, et corrélativement entre d'un côté les profils de postes et de l'autre les profils des candidats. Ce qui signifie également conséquemment une augmentation des mobilités professionnels(2).
  • Les départs d'une partie significative des cadres des grandes entreprises est décrite comme une chance pour les salariés de ces dernières qui possiblement privilégieront le recrutement interne. Ce qui s'avère être l'inverse pour les petites et moyennes entreprises, dont le vivier de salariés pourraient se montrer insuffisant et qui éprouveront en conséquence des difficultés de recrutement et de maintien de leur taux d'activité.





Question de Définition :


Il est intéressant de remarquer que la définition retenu du "baby-boom" est purement démographique. Ils ont en effet distingué les cohortes successives par leur "niveau de natalité". Ce qui s'avère être un critère opératoire et objectif très pratique à utiliser mais qui peut engendrer quelques décalages entre cette définition très élargie du "baby-boom" et d'autres définitions par ailleurs toutes aussi valides et valables. Ainsi , cette définition nataliste du baby-boom les amène à considérer les cohortes de naissance de 1945 à 1975 !
L’arrivée en fin de carrière des générations nombreuses nées entre 1945 et 1975 devrait profondément modifier le fonctionnement du marché du travail. (p.9 du rapport final)
De 1945 à 1975, la France a connu un maintien de sa natalité à un niveau élevé, conduisant ces générations à être beaucoup plus nombreuses (850 000) que celles nées après cette période (760 000) et surtout que celles qui les avaient précédées (600 000) (p.18 du rapport final)
Lorsque dans d'autres travaux sur les baby-boomers, c'est une conjonction entre le phénomène de hausse de la natalité d'une part et, d'autre part, l'entrée dans le marché du travail dans la période de pleine emploi des Trente Glorieuses qui servent de bornes aux cohortes constitutives du baby-boom (Chauvel, 1998 ; Sirinelli, 2003), optant ainsi pour une définition du baby-boom plus restrictive déterminée à la fois par des facteurs démographiques et économiques.






Le poids des politiques ? :


Lançons enfin, en guise de conclusion ouverte, un clin d'oeil à nos candidats à la présidentielles en notant que le poids de la démographie est largement surdéterminant dans cette histoire et que les calculs de cette analyse concernant ce flux de départs en retraite prennent peu en compte les effets des politiques en matière d’emploi et de retraites considérées comme marginales...

Cette hausse [des départs en retraite] est largement déterminée par les phénomènes démographiques. Elle dépend relativement peu des hypothèses retenues sur l'impact des différentes politiques visant à reculer l'âge de départ en fin de carrière. (p.2 du PIPS)

Même s'il est cependant nécessaire de relativiser cette marginalisation des "politiques" dans la mesure où le non renouvellement total de l'ensemble des départs à la retraite des enseignants (p.3 du PIPS), trouve bien plus son explication dans une décision politique de réduction des effectifs, afin de réduire la part des salaires de la fonction publique dans les dépenses de l'Etat, qu'en raison de la stagnation prévue du nombre d'élèves et étudiants...



(1) : "Aujourd'hui, six salariés sur dix n'occupent plus le même emploi qu'il y a cinq ans. Les individus évoluent, par choix ou par contrainte, sur un large spectre de métiers. À l'avenir, ces mobilités professionnelles (en provenance du chômage, d'un autre emploi ou du système éducatif) pourront donc largement modérer ou accentuer la hausse des postes à pourvoir dans la plupart des familles professionnelles". (p.4 du PIPS)

(2) : "80 % des postes à pourvoir d'ici 2015 seraient consécutifs à des départs en fin de carrière". (p.2 du PIPS)




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