18/04/2007

Les générations et les tendances à l'apriorisme

Traditionnellement, on reproche à la notion de génération son trop grand nombre de définitions conceptuelles qui font d’un domaine de recherche une galaxie éparse à la cartographie incertaine. Mais si cette diversité joue effectivement en la défaveur de la notion, les véritables obstacles épistémologiques sont ailleurs. [...]

Les critiques récurrentes peuvent se résumer selon deux axes principaux. Les approches générationnelles ne montrent-elles pas une trop grande inclinaison à l’apriorisme posant fréquemment, avant tout démarche empirique, l’existence d’une ou plusieurs générations ? L’insuffisance, souvent avérée, du degré d’homogénéité sociologique de la population regroupée sous la catégorie de génération ne condamne-t-elle pas immanquablement ce type d’approches (Tripier, 1991) ? [...]

Enfermées dans une irréductible abondance de définitions hétéroclites, auxquelles répond une profusion de problématiques (Percheron, 1983), les solutions apportées a de telles questions s’avèrent inévitablement partielles et circonstancielles. Nous [avons laissé] de côté la question du degré d’homogénéité, en partie commune aux autres notions savantes de regroupement d’individus, pour nous consacrer à l’analyse des rapports spécifiques qu’entretiennent génération et apriorisme. [...]

L’apriorisme en particulier, et les problèmes épistémologiques en général, ne sont donc pas tant intrinsèquement liés à la nature de la notion qu’aux types de démarches en faisant l’usage. Bien évidemment, un certain nombre de difficultés demeurent mais une démarche décentrée et plus inductive fait montre de bien plus d’atouts pour en contrôler les enjeux. [...]

A l’inverse de la démarche faisant a priori d’une génération le centre de son interrogation et le principe unique et homogène transformant tout du long de son histoire les milieux sociaux qu’il traverse, les rapports de générations apparaissent dès lors dans leurs manifestations limités dans le temps et dans l’espace toujours combinés à d’autres facteurs sociaux.

[… l'intégralité de article publié dans le bulletin n° 2 "Recherches" du Laboratoire "Printemps" (UVSQ, CNRS) en décembre 2006 se trouve ici]