18/04/2007

Le Destin des Générations de Louis Chauvel

Voici un extrait du compte rendu publié dans la revue Sociologie du Travail (n°46/1, 2004)

Louis Chauvel nous propose ici une approche générationnelle de la structure sociale française du XXème siècle. La démarche est originale et attrayante. A la fois, intéressante de par le sérieux de l’analyse et l’ensemble des dimensions prises en compte, elle l’est également de par les efforts d’explicitation théoriques et méthodologiques. S’appuyant principalement sur une exploitation statistique dite « pseudo-longitudinale » des enquêtes INSEE et FQP-Emploi, cette recherche entend dresser un tableau des inégalités sociales engendrées par des effets de génération.

L’une des principales hypothèses de ce livre tient en l’établissement d’un lien entre la date d’entrée sur le marché du travail et le type de trajectoire qui en découle : « une fois une génération arrivée dans le monde du travail, sa situation se fige assez rapidement, et marque ensuite durablement l’ensemble de sa vie sociale, que ce soit d’une façon bénéfique ou maléfique » (p.234). Ainsi se découpent, en fonction d’un principe « d’inertie sociale », des générations en fonction des politiques de recrutement des entreprises, elles-mêmes dépendantes de la conjoncture économique. [...]


Les inégalités générationnelles d’accès aux ressources sociales
sont toutes aussi profondes qu’en règle générale insuffisamment traitées. Louis Chauvel se propose donc d’apporter sur cette question sa pierre dans le jardin du débat public. Il examine conséquemment en conclusion la valeur économique et politique de chaque génération ainsi que, pour ces "derniers arrivés", les conditions d’émergence d’un « intérêt de génération ». [...]

[On pourrait noter la contradiction de ce développement] avec ces autres approches générationnelles démontrant la solidarité familiale de cette génération du baby-boom redistribuant une partie de son patrimoine économique accumulé. Toutefois, cette dissonance entre « rapports de générations » et « rapports entre générations » n’est qu’apparente, dans la mesure où les deux phénomènes en réalité coexistent, le second ne compensant que partiellement le premier (pp. 168-172).



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