15/06/2007

Les relations entre générations en débat

Un retranscription du débat, animé par Julien Damon, sur les relations entre les générations entre Louis Chauvel, André Masson et Jean-Philippe Viriot-Duranval est disponible ici.

Une intéressante discussion, certes un peu courte, mais qui a le mérite d'aborder les points essentiels suivants :
  • Quelle validité pour une lecture générationnelle des inégalités sociales et économiques ?
  • Doit-on abandonner les comparaisons générationnelles des niveaux sociaux et économiques (et plus spécialement entre "jeunes" (moins de 25 ans, 25-35 ans) et les cohortes du baby-boom), mettant objectivement l'accent sur l"enrichissement" des uns et la "pauvreté" des autres, sous prétexte que cela induirait implicitement ou explicitement à un "conflit" entre générations ?
  • Jusqu'où une lecture générationnelle des inégalités permet-elle de penser la responsabilité politique ?
  • Les "générations sacrifiées" le sont-elles à jamais ?
  • Les jeunes sont-ils en mesure de développer une conscience politique de génération afin de pallier à leur absence des débats et responsabilités politiques?
  • Quelles orientations en matière de politiques publiques possibles face aux inégalités générationnelles présentes et à venir ? Quelles choix politiques en matière de transmission de patrimoine et d'héritage ? Quelles choix politiques en matière de système de retraites ?


Deux extraits en guise de mise en bouche :
Actuellement, il y a par ailleurs chez les retraités un « syndrome du portillon », c'est-à-dire le lâche soulagement d'être passé de l'autre côté, du côté de la retraite, avant que les portes ne se referment et que l'horizon s'obscurcisse. Parce qu'ils sont devenus retraités, certains croient à tort qu'ils sont sauvés : « après moi, le déluge ». Mais dans un système par répartition véritablement solidaire, leur niveau de vie va dépendre de la réussite du pays et du succès des jeunes qui les suivent ; et on peut toujours augmenter les prélèvements sur les retraités, ne pas indexer les pensions comme auparavant, etc. (André Masson)
L'objectif est bien de déboucher sur une vraie politique intergénérationnelle, qui tienne compte de l'état d'aliénation politique des jeunes, de leur absence de représentativité, en particulier des moins qualifiés et des plus pauvres. Ce que je crains, c'est que le scénario le plus noir soit le plus probable : d'abord un familialisme massif pour aider les jeunes, un fort soutien au troisième âge par des retraites onéreuses soutenues par des salariés paupérisés dans les dix prochaines années, puis après un sévère retour du bâton à partir de 2015, lorsque le régime aura accumulé des déséquilibres ultimes. Les erreurs et les injustices d'aujourd'hui engendreront celles de demain, car nous ne sommes plus dans un sentier constructif de développement social et humain soutenable. (Louis Chauvel)